Kammerwald

GA079 1949 : Kammerwald

1949 : Placement du Kammerwald sous administration luxembourgeoise


L’Union Nationale luxembourgeoise souhaitait récupérer les territoires qui avaient été détachés de l'ancien Grand-Duché aux termes des dispositions du Congrès de Vienne. Une partie de la population défendait la création d’un « Grand Luxembourg ». Conformément aux visions de l'Union Nationale, le Luxembourg devait être élargi jusqu'à la Sarre. Ces revendications furent formulées à plusieurs reprises.

La majorité de la population était toutefois opposée à ces vastes projets d’annexion. Les habitants étaient nombreux à craindre un envahissement du Luxembourg par les Allemands que l'on compterait dans le pays par dizaines de milliers. Sans l’approbation des Alliés, les projets d’annexion du Luxembourg ne pouvaient de toute manière pas être mis en œuvre.

La majorité de la population ne souhaitait qu’une simple modification des frontières au profit du Luxembourg. Dans le mémorandum du 27 novembre 1946, le gouvernement luxembourgeois formula le souhait de repousser la frontière de l’Etat de 5 à 10 km aux dépens de l’Allemagne. Comme ils le firent pour la Belgique et la France, les "Trois Grands" (USA, Grande-Bretagne et Union Soviétique) ne donnèrent pas suite à cette revendication.

Tracé de la frontière luxembourgo-allemande dans la région de la Sûre et de la Our
Source : Summa, Christoph 1980, S. 73

En 1949, les Alliés occidentaux n’accordèrent que des modifications territoriales minimes aux dépens de l’Allemagne. Citons dans ce contexte le décret du 23 avril 1949 dans lequel le gouvernement militaire français accorde l’intégration du Kammerwald et de la localité de Roth dans le territoire de l’Etat luxembourgeois. Il s’agit du décret numéro 212 du gouvernement militaire français.

Le Grand-Duché de Luxembourg s’était ainsi vu attribuer l'administration d'un territoire de 547 ha de superficie, situé à proximité de la localité de Vianden. Le Luxembourg renonça cependant à l’administration du village de Roth, si bien que seul le Kammerwald était, sur le plan administratif, détaché temporairement de l’Allemagne.

La population luxembourgeoise et les responsables politiques ne tenaient pas spécialement à la possession de cette forêt qu’ils considéraient comme peu importante, mais ils convoitaient d’autres territoires à titre de réparations de guerre. Dans le Traité du 11 juillet 1959 conclu entre le Grand-Duché de Luxembourg et la République fédérale d’Allemagne, le Luxembourg finit par renoncer au contrôle de ce territoire.

Sources


Bartz, G. 2001: Probleme und Aspekte der deutsch-luxemburgischen Grenzvermessung 1984, Trier

Grosbusch, A.: La question des réparations dans l’opinion luxembourgeoise 1945-1949, Hémecht, Zeitschrift für Luxemburger Geschichte, Heft 4, Luxemburg, S. 569-591

Khan, D.-E. 2004: Die deutschen Staatsgrenzen. Rechtshistorische Grundlagen und offene Rechtsfragen, Tübingen

Lengerau, M. 1990: Les frontières allemandes (1919-1989), Frontières d’Allemagne et en Allemagne : Aspects territoriaux de la question allemande, Bern, S. 70

Summa, C. 1980: Wie die heutige deutsch-luxemburgische Grenze im Bereich der Sauer und Our entstand, In: Landeskundliche Vierteljahrsblätter, Trier, 1980, Heft 2, S. 62-81.