Si les premiers équipements sportifs remontent à l’Antiquité, le XIX^e siècle est quant à lui marqué par leur diffusion au bénéfice des classes sociales aisées. Ce n’est qu’au XX^e siècle que la démocratisation et l’enrichissement de la société, relayés par le volontarisme politique, leur a donné un essor qui ne s’est pas démenti.

De plus en plus grands, certains de ces équipements voient s’adjoindre à leur vocation sportive première d’autres objectifs, de nature culturelle (concerts...), récréative (boutiques...) ou professionnelle (séminaires...). La limite entre ces objectifs devient ténue. Elle fait des grands équipements sportifs une catégorie d’objets géographiques inédite porteuse d’enjeux considérables en termes de construction territoriale.

Devenus centres de profits, parfois seulement financés par le secteur privé, le plus souvent appuyés par un partenariat dans lequel les collectivités territoriales relayent leur ambition de développement, ils constituent des révélateurs et figurent parmi les plus importants moteurs de la dynamique des territoires dans lesquels ils s’inscrivent.

Le public qu’ils drainent, les effets induits qui accompagnent leur fonctionnement, dans l’hôtellerie, la restauration ou le commerce, leur donnent une valeur marchande, réelle ou potentielle, d’autant plus prégnante que le retour sur investissement peut être rapide.

Il faut dire que ces grands équipements sportifs bénéficient d’une image jeune et dynamique dans laquelle chacun, simple citoyen ou décideur, peut facilement se projeter, pour lui-même ou pour le territoire qu’il entend animer ou réanimer, puisque les grands équipements sportifs constituent souvent l’occasion d’une opération de régénération de portions d’espace marquées par les stigmates de crises successives.

Qu’il s’agisse de rehausser le rang déjà favorable d’une métropole au sein de la hiérarchie urbaine ou de contribuer à la relance d’un espace en difficulté, l’enjeu soulevé par le grand équipement sportif est également de nature identitaire.

Le club sportif victorieux qui le fréquente, les événements à forte notoriété qui s’y déroulent, le caractère exclusif des prestations fournies, offrent aux aficionados une occasion d’être fiers de « leur » territoire.

Connaître, fréquenter, ou simplement admirer ce lieu éminemment vivant permet de se sentir membre d’une même communauté d’intérêt soudée autour de valeurs matérialisées par l’emblème et l’étendard qu’il représente.

Si tous ces enjeux ont été perçus voire compris par les acteurs locaux, celui de l’intérêt d’une mise en réseau de ces équipements au sein d’un espace plus vaste n’a jusqu’à présent été que trop ignoré. On imagine pourtant l’intérêt d’une telle gouvernance de projet pour la jeune Grande Région en quête d’une territorialité qui reste largement à construire...