Avec l’autorisation du Roi Louis XV, les deux avocats Jolly et Olivier édifièrent en 1767 la Verrerie Royale de Saint-Louis à Münzthal, une commune située à quelques kilomètres au sud-ouest de Bitche, sur le site de l’ancienne verrerie détruite de Holbach (fondée en 1589).

Conformément au décret du Roi, "une chapelle, des logements pour les maîtres, les ouvriers et les fermiers, un moulin à farine et une scierie" furent aménagés à côté des bâtiments de l’usine.

En 1781, la cristallerie de Saint Louis-lès-Bitche mit au point pour la première fois en France la technique du cristal au plomb et affina son procédé de production.

Le nom du chimiste Aimé-Gabriel d’Artigues, né à Paris en 1770, est étroitement lié à l’histoire du cristal dans la Grande Région. D’Artigues était directeur de la cristallerie de Saint-Louis entre 1791 et 1795.

En 1802, il fondit la cristallerie de Vonêche (en Wallonie, sur territoire français à l’époque), et engagea des verriers venus d’Alsace et de Lorraine. Dès 1815, Vonêche appartint au Royaume de Hollande et perdit le marché français.

D’Artigues fit alors l’acquisition en 1816 de la verrerie Sainte Anne à Baccarat (Meurthe-et-Moselle) qu'il transforma également en cristallerie.

Le savoir-faire de Saint Louis se répandit en Lorraine et en Belgique, mais également en Italie (Colle Val d’Elsa ) et en Sarre (Wadgassen).

En 1829, les cristalleries de Saint Louis et Baccarat envisagèrent de fusionner afin de mettre un terme à la concurrence.

Ils entreprirent une commercialisation commune de leurs produits par l'élaboration d'un catalogue (1834) et la contribution des deux principaux grossistes de Paris, Rue de Paradis-Poissonnière 30.

La cristallerie appartint à l’Empire allemand de 1871 à 1918 ("Saint Louis – Münzthal"). Vers 1900, près de 2 000 ouvriers y étaient employés. Les verriers étaient originaires de Bohême, d'Italie, de Belgique ou d’Allemagne.

Considérée auparavant comme l’un des plus beaux lieux de production de France, la cristallerie de Saint Louis faisait dorénavant la fierté de l'industrie allemande. L’ensemble de la vallée appartenait à l'époque à l'usine.

Aujourd’hui encore, les bâtiments en partie conservés de l’usine forment, avec les habitations des ouvriers et leurs potagers, la villa du directeur flanquée d'un parc ainsi que l'église, un ensemble exceptionnel qui fut complété en 2007 par le musée "La Grande Place, Musée du Cristal".