Famille Raspiller
Le site de Vöklingen-Fenne abrita au 19^e siècle l’une des usines de verre creux les plus réputées de l’Empire allemand. Napoléon avait autorisé en 1812 l’exploitation d’une verrerie.

Alors que la concession avait été initialement prévue en 1809 pour la remise en service de l’ancienne verrerie de Karlsbrunn, elle impliquait l’utilisation du coke pour l’alimentation des fours. Le site fut alors transféré à Fenne où se trouvaient deux houillères.

Face à la vive concurrence des autres usines de verre creux de la région, la verrerie de Fenne se spécialisa au cours du 19^e siècle dans le verre pressé.

Heinrich Raspiller, directeur commercial et technique de l’usine entre 1834 et 1884, transforma la verrerie en une grosse entreprise : alors que l’usine employait 100 ouvriers et quatre polisseurs en 1834, son effectif passa à plus de 250 personnes en 1852 avant d’atteindre un nombre de 450 ouvriers en 1884, parmi lesquels 70 polisseurs. Un troisième four fut mis en service en 1852 ; vers 1900, l’usine était équipée de quatre fours, agrémentés chacun de douze creusets et comptait un effectif moyen de 800 à 900 personnes.

En 1880, elle passa du fonctionnement au charbon à celui au gaz ; elle disposa de deux gazomètres installés sur le site à partir de 1885 et, probablement, de nouveaux fours régénératifs des frères Siemens destinés à la fonte du verre.

Le savoir-faire de la famille Raspiller n’était pas seulement convoité à Fenne : le premier directeur technique de la cristallerie de Wadgassen, fondée en 1843, était Eugen Raspiller, tandis qu’un autre membre de la famille devint maître-verrier après 1871 à Wadgassen, puis plus tard à Fenne.

Un autre Raspiller était Président du conseil d'administration des "Verreries réunies de Vallérysthal et Portieux" en Lorraine.

En 1903, les hommes d’affaires Hirsh et Hammel firent l’acquisition de la verrerie de Fenne. Ces derniers étaient depuis 1887 propriétaires de la verrerie de Dreibrunnen à Vallérysthal-Troisfontaines, spécialisée dans la fabrication des verres de montre et des verres de lunettes.

En raison de difficultés commerciales, l’usine Fenne s’était auparavant transformée en SARL autrefois nommée "Raspiller und Co.". L’achat de la verrerie de Fenne assura une complémentarité des produits.

Les usines de Fenne et de Dreibrunnen fusionnèrent en 1909. L’entreprise devint une société anonyme désignée sous l’appellation "Vereinigte Fenner Glashütte und Glasfabrik Dreibrunnen, Hirsh & Hammel AG" (verrerie réunies de Fenne et de Dreibrunnen) dont le siège était à Dreibrunnen.

Fenne approvisionnait alors la verrerie de Dreibrunnen en verre brut (verre ballon) destiné à la fabrication des verres de montre et des lanternes automobiles. Avant l’éclatement de la Première Guerre Mondiale, la verrerie de Fenne réalisait une production annuelle d’environ trois millions de kilos de verre creux et de verre pressé.

La verrerie de Fenne survécut aux périodes de crise et aux nombreux bouleversements politiques : dans le cadre de sa modernisation au cours des années 20, la production de verre pressé fut partiellement automatisée. Au lendemain de la crise économique mondiale de 1928, la verrerie de Fenne bénéficia du soutien financier et logistique du Groupe français Saint-Gobain.

En 1934, la gamme de produits proposée par la verrerie de Fenne s’étendait du verre d’usage pressé (à la main) ou soufflé, partiellement transformé, aux articles de masse produits sur la base d'un procédé semi-automatique ou entièrement automatique tels que les verres à conserves.

Saarglas AG  
Suite à la séparation juridique des entreprises de Fenne et de Dreibrunnen en 1932, la société "Saarglas AG" vit le jour en 1934 ; la verrerie entra en possession des "Röchling'schen Eisen- und Stahlwerke" (forges et aciéries Rochling) en 1937.

Hermann Röchling prit les rênes d'une entreprise ultra moderne qui fonctionnait jour et nuit par roulement de trois équipes, disposait d'une installation de fabrication entièrement automatisée ainsi que d’un parc de machines constitué d’une polisseuse de verre à conserves, d’appareils de contrôle, d’un four à recuire et d’un mélangeur.

L’éclatement de la guerre au cours de l’été 1939 contraint l'usine à fermer ses portes. Les machines furent retirées et vendues et l’usine fut réquisitionnée pour les besoins de la guerre (production d’armement).